Les nouveaux soleils à Bordeaux
Préalablement, voici le conseil utile pour tout ultimateur débutant : la technique du chewing-gum Vous connaissez cette sensation désagréable quand un vieux chewing-gum prémâché est venu se coller sous votre chaussure ? Ou pire pour nous les filles, quand il s’est foutu dans nos cheveux ? Vous visualisez bien la galère que c’est pour s’en débarrasser ? Ce chewing-gum c’est votre défenseur. J’ai dû user de toutes les techniques : d’abord, refroidir le chewing-gum : …« Mais je suis débutante, laisse-moi me démarquer» « Oh non ce n’est pas humain d’être aussi grand ». Une fois refroidi, si le chewing-gum a tendance à se durcir à votre contact [pardon pour celle-là], donnez discrètement des coups de coude ou de disque pour se défaire de ce chewing-gum inopportun… Laissez agir quelques minutes et courrez ! Les plus expérimentés vous parleront de fair-play… Ils ont juste peur de vous maintenant. En revanche, ne rêvez pas ! Avant de devenir à votre tour un chewing-gum, faites-vous greffer des jambes de 2 mètres pleines de muscles avant d’espérer un résultat… |
Plus sérieusement, pour ceux qui ne connaissent pas le bal des débutants, c’est un tournoi qui se déroule à Bordeaux pour introduire les nouveaux joueurs dans ce petit monde qu’est l’ultimate. Cette année, comme chaque année, le SUN y a envoyé ses rookies les plus féroces.
En quelques chiffres:
- 9,5 personnes parce que la notion de moitié de personne peut s’appliquer à un tournoi d’ultimate (dont 2 joueurs « expérimentés » et 2 vrais débutants tous frais) ;
- 1 salon pour 7 [merci beaucoup Laurent de nous avoir accueilli chez toi !] ;
- 11 douches seulement sur l’ensemble du week-end [l’OMS vient de m’appeler, une enquête est ouverte].
La défaite était prédite…
SAMEDI
Après avoir invoqué les 2B3 sur le parking désert du Vélodrome, les joueurs du SUN se font remarquer pour leur ponctualité : première équipe arrivée foulant l’herbe humide des terrains avant même l’organisation… Sans doute pressés d’en découdre, les rookies ont préféré perdre une bonne demi-heure de sommeil [et esquiver le passage par la salle de bain : « puer fait fuir l’ennemi » – anonyme, le 3 octobre 2015] pour commencer joyeusement l’entraînement.
- SUN V. WHAT DA PUC : 7-8
Une entrée de tournoi laborieuse, l’équipe du SUN doit faire connaissance sur le terrain [et avec le terrain beaucoup trop grand]. Très rapidement le SUN est mené 6 à 2. Les joueurs se cherchent. Néanmoins, les rookies sont pugnaces et ne perdent pas confiance. La mise en place d’une stratégie magique et quelques incantations vaudous leur permettent de revenir à un inimaginable 7-7 à la cinquantième minute. Cap à 8, disque de match, le SUN fait trembler le PUC. Le suspense est à son comble. Cette remontée est encourageante mais insuffisante. Le PUC marque le dernier point.
- SUN v. BTR : 12-4
Fort de son premier match, le SUN enchaine sans répit et les joueurs continuent leur stratégie gagnante. Le jeu est construit, de belles actions se dégagent. Un joueur des BTR essaye de guillotiner notre Yaya pour rééquilibrer les équipes mais qu’à cela ne tienne, les rookies résistent et prouvent qu’ils existent. Le deuxième match se termine par une franche victoire, une finale de chifoumi SUN v. SUN [presque sans tricherie] et surtout Yaya sain et sauf repart bras dessus – bras dessous avec son agresseur/nouveau meilleur ami.
- SUN v. CUB : 8-7
Après une pause bien méritée et remplis d’espoir, les joueurs se rêvent la conquête de la poule haute… Le début de match est clairement aux couleurs du SUN sur le terrain à défaut d’être dans le ciel. L’équipe mène le jeu 6 à 2. Et là, c’est le drame : une défense de zone stupéfiante de l’équipe du CUB avec des filles aux jambes invraisemblables. Le SUN s’incline.
A la fin de cette première journée, à défaut de se démarquer sur le terrain, le SUN devient officiellement champion des chifoumi et autres petits jeux post match …
Soirée: l’équipe des Bobs
Suite à cette première défaite, certains ont tout misé sur le classement au fair play…
Puis c’est la désertion totale de la soirée, le match de rugby ayant eu raison des champions.
DIMANCHE
Les 2B3 c’est déjà du passé… Pour ce dimanche, c’est un Francis CABREL chauve reprenant « petite Marie » avec une très jolie voix de baryton du matin qui nous tire de nos duvets.
- SUN v. FRISBEEGORE 8-4
Les muscles sont raides, il fait froid, dans la tête des joueurs, les forces se mélangent… Un coup de gueule remet en place la défense mais ce n’est pas suffisant. En toute honnêteté, les rookies ont juste eu la délicatesse de laisser gagner leur hôte pour le remercier.
- SUN v. EUSKADISC : 10-4
Le dernier match est difficile. C’est compliqué physiquement à 9 face au 20 EUSKADISC et la fatigue se fait ressentir… Les joueurs du SUN restent malgré tout combatifs jusqu’au bout.
Bilan du tournoi :
Aurel « le violeur de mascottes » : Aurel a faillit disséminer la moitié de l’équipe par sa conduite épique de type « formule 1 sans les mains » dans un Paris-Bordeaux endiablé. Disqualifié pour la conduite retour, il se venge pendant le tournoi sur ses adversaires. Sur le terrain, c’est un guerrier. Belliqueux, téméraire et habile, il a perdu absolument tous ses défenseurs qui venaient se plaindre sur la side line, criant au dopage. Dans ce corps tout en muscles stéroïdés [certains racontent l’avoir vu manger un cochon entier le dimanche midi] se cache un petit cœur qui chantonne sur fond sonore grésillant de portable pour se réconforter. Notre Bob le branleur est un psychopathe et on préfère l’avoir dans notre équipe plutôt que jouer contre lui !
Aurélien « la Main du match » : Avec une cheville en vrac, ce Bob Marley blanc au look improbable [le temps d’une soirée] s’est révélé être un diamant brut pendant ce tournoi. Aurélien a marqué le terrain de Bordeaux : tout d’abord par son courage d’être venu malgré sa blessure, pour ses anecdotes plus incroyables les unes que les autres, sa main droite rattrapant (presque) tous les disques dans toutes les positions quelle que soit la hauteur – longueur de la passe, et sa présence quasi continue dans le dernier match alors que les jambes de toute l’équipe défaillaient.
Florian « le mentor » : Florian a été le stratège de l’équipe du haut de ses 2 ans d’expérience. C’est un cerveau mais également un physique. Tel un aigle, ses dives gagnants étaient éblouissants, merveilleux, inspirés, emportant avec lui le disque mais également la moitié des gravillons du terrain sans jamais défriser de la bouclette. Ses courses rapides, ses passes à couper le vent en deux et son jeu de jambes vif ont fait de ce Bob en bob le grand compétiteur de l’équipe.
Gaël « l’élu » : Gaël, c’est la Légende : tout le monde le connait mais personne ne l’a jamais vu s’entrainer [je tiens un scoop : il revient bientôt plus motivé que jamais !]. Miracle, il est venu !!! Enfin, moitié de miracle, il n’a pu se libérer que le samedi. Faux meilleur débutant de l’année dernière, il a voulu reconquérir son public en négociant à chaque fin de match la possibilité d’être qualifié de rookie… [Ouiii, Gaël, même tes 6 mois d’absence ça compte !] Touché par la grâce des Dieux de l’ultimate, Gaël a fait un retour en force. Plus vivant que jamais il s’est libéré sur le terrain, déjouant ses adverses avec malice par des passes de maître qui malheureusement nous auront bien manquées le dimanche. Merci pour ce moment !
Guillaume « le Bordelais » : Guillaume a renié sa nouvelle patrie le temps d’un week-end pour s’essayer à l’ultimate. La jambe musclée, le biceps galbé et le bouc affuté, il a fait des kilomètres sur le terrain tel un chien fou pour catcher le disque. Le PUC a recruté Hodor, le Sun avait Guillaume [le seul à dépasser le 1m75…]. Impliqué sur le terrain, il a également fait preuve de talent caché – dévoilé par la wine race, buvant avec classe et délectation les 2/3 d’une bouteille en un temps record.
Kévin « le caméléon minion » : Kevin, c’est avant tout un look : intello à lunettes le soir, sportif olympique le jour et minion en recherche d’affection et de plaisir sauvage la nuit. Sa plus grande qualité est son adaptabilité. Handler, middle, il est au service de l’équipe abattant un gros travail pour faire avancer le disque. Le jour, il offre un jeu généreux mettant en valeur ses coéquipiers. La nuit, c’est un autre jeu qu’il propose…
Malou « la bannie » : Détestée par son équipe avant même d’avoir enfilé ses premiers crampons, Malou c’est la fille qu’on ne veut pas avoir dans son équipe. Certains ont eu la gentillesse de lui conseiller de démissionner de l’ultimate [le frisbee ne t’aime pas !]. Telle une bernique à son rocher, elle s’accroche. Malou devient la championne de la lèche pour gagner des points de fair play et brille surtout pour les arrivées les plus rapides de l’histoire du sport des bouteilles d’eau pendant les temps morts. Elle développe un style particulier de chewing-gum et apprend au contact des têtes d’affiche de son équipe.
Marie « le feu sous la glace » : Marie est modeste, calme et réservée en dehors du terrain pour mieux se révéler pendant les matchs. Véritable passionnée, elle pratique la technique du chewing-gum avec raffinement ne laissant aucune chance à ses adversaires. En attaque, elle sait les refroidir : feintes divines, passes surnaturelles, et repart toujours plus vite, saute toujours plus haut. Pendant ces instants de génie, elle ne perd pas de vue ses coéquipiers et en berger elle a toujours le bon conseil pour les brebis égarées.
Vivien « M. Règlement » : Vivien a fait partie des piliers. C’est le couteau suisse de l’équipe : il peut commenter un point précis de réglementation, tout en dégainant un disque pour faire une passe à l’un de ses coéquipiers, se dandiner, remercier les filles qui hurlent son nom, chercher sur quel terrain le SUN joue son prochain match et se réhydrater sans s’étouffer. Sur comme en dehors du terrain, il se donne toujours à 100% et si vous écoutez bien, vous entendrez encore l’écho de sa voix prônant qu’il a bu toute la bouteille à la wine race…
Yaya « Turtle of the BDD » : Perché sur son nuage féérique, Yaya semblait ailleurs, un endroit que seuls les grands joueurs au cœur pur doivent pouvoir atteindre. Animé par les esprits mélangés et confus des légendaires ultimateurs, il témoigne d’un calme olympien en toutes circonstances. Il a dirigé l’équipe d’une main de fer dans un gant de velours distillant au compte-goutte son précieux savoir. Ce Bob le bricoleur est le leader incontesté tant pour les échauffements que sur le terrain, calmant les pulsions de certains, remontant le moral des autres. Cette tortue a joué de la carapace, donné de sa personne [je parle bien sûr de la guillotine !] mais pas sa casquette et sans doute fait bien d’autres choses pour obtenir le titre sacré et bien mérité de meilleur débutant de l’année. Michelangelo peut être fier de toi !